Un rendez-vous avec l'avenir : ce jeudi 17 octobre 2024, Crossview et le Barreau de Liège Huy ont organisé une après-midi de réflexion sur l'impact de l'intelligence artificielle dans le monde juridique. Le sujet a été abordé sous l'angle des solutions IA pour les professionnels du droit.
Des professionnels du droit, majoritairement avocats, se sont donc rassemblés pour une après-midi entière dédiée à l'intelligence artificielle (IA) et à son impact sur le secteur juridique.
L'enjeu ? Comprendre comment ces nouvelles technologies allaient bouleverser une profession souvent perçue comme conservatrice et découvrir les tendances du marché des solutions IA juridiques.
Il était à peine midi quand Benoît a ouvert les hostilités avec une première session sur l'IA.
Il n'était pas question ici d'un simple tour d'horizon technique, mais d'une invitation à saisir le potentiel gigantesque de ces outils. Avec des exemples concrets, il a mis en lumière les premières étapes à franchir pour intégrer l'IA dans un cabinet d'avocats, tout en rassurant ceux qui craignaient d'être dépassés par cette vague de modernité.
La suite de l'après-midi était dédiée à la présentation des solutions disponibles pour les avocats.
La première à prendre la parole a été Khedi Verhaeghe, représentante de Wolters Kluwer. Sa présentation était attendue avec impatience. Elle a abordé avec passion une question qui préoccupait de nombreux avocats présents : comment l'IA pourrait-elle transformer la manière dont ils communiquent avec leurs clients ? Khedi a proposé un avenir où l'interaction entre les avocats et leurs clients serait plus rapide, plus précise, et surtout plus humaine, grâce à la délégation des tâches répétitives à des algorithmes intelligents.
À peine le temps d'assimiler cette vision que Cyrille Noel, de Septeo Lawyer Solutions, a pris le relais. Son sujet était tout aussi passionnant : l'efficacité que promet l'intelligence artificielle dans la gestion des cabinets d'avocats. Grâce à des outils capables de traiter des volumes massifs de données, la recherche juridique et l'analyse documentaire pourraient être effectuées en un temps record. Une présentation de Lea, l'IA proposée au sein du logiciel SECIB NEO, a permis de conclure cette présentation avec des perspectives réjouissantes quant au temps gagné dans la gestion des dossiers.
Pascaline Deru, de Lefebvre Sarrut Belgium, n'a pas tardé à prendre la parole à son tour. Son intervention visait à présenter le potentiel de GeniaL, l'IA embarquée dans STRADALEX, la base de données proposée par Larcier. Cette solution permet d'accélérer la recherche documentaire grâce à l'IA générative. Elle promet un gain d'efficacité et de pertinence grâce à la base documentaire mise à disposition des utilisateurs des outils Larcier.
Francis Delplanque, représentant de Roov, est ensuite intervenu, accompagné par Geoffroy de Visscher, de Belfius, qui a exposé les bénéfices concrets que l'IA pourrait apporter dans des domaines spécifiques souvent boudés par les legaltechs, comme la médiation et l'administration de dettes. En moins de 15 minutes, il a réussi à convaincre l'assemblée que l'IA pourrait simplifier ces processus administratifs souvent longs et complexes, tout en laissant aux avocats plus de temps pour se concentrer sur l'essentiel.
Après une pause bien méritée et des batteries rechargées, les discussions ont repris de plus belle. Marc-Olivier Lifrange, de Legitech, a proposé une démonstration de l'outil LexNow, la plateforme documentaire juridique qui permet d'optimiser son temps et de booster ses connaissances.
Xavier Lombard, intervenant pour Leexi, a poursuivi en abordant un autre défi de taille : comment s'assurer que le RGPD est respecté lorsque l'on utilise un assistant de prise de notes basé sur l'IA ? Sa présentation, technique mais précise, a détaillé les précautions prises pour garantir que l'IA reste en conformité avec les lois européennes sur la protection des données personnelles. Benoît Evrard, co-fondateur de Crossview, a présenté brièvement les processus de travail créés par Crossview pour utiliser Leexi avec son logiciel de gestion de cabinets.
La journée avançait, mais la qualité des interventions ne faiblissait pas.
Florian Ernotte, co-fondateur de Crossview, a terminé cette séance en présentant un outil en développement chez Crossview qui permet d'optimiser la gestion de la connaissance interne des cabinets en utilisant la puissance de l'IA générative dans un environnement sécurisé et sûr. L'intérêt de cette solution réside dans la possibilité pour les cabinets d'exploiter les données internes en vue d'améliorer leur production de contenu juridique.
Pour conclure cette session de présentation, Florian Ernotte a invité chaque orateur à le rejoindre pour échanger dans un format "table ronde" où chacun a pu réagir aux sujets abordés lors des présentations. On retiendra de ces échanges que, selon Khedi, Cyrille et Francis, l'IA est un véritable moyen d'améliorer la relation client, tant sur les aspects de communication (interne et externe) que dans les interactions entre les professionnels du droit et leurs clients.
Pascaline et Marc-Olivier ont insisté sur la nécessité pour les utilisateurs d'IA de garder un esprit critique et de rester libres de leurs choix, afin d'éviter une uniformisation de la pensée juridique liée à l'utilisation des outils intégrant de l'IA (en raison du fonctionnement statistique de ces IA). En outre, la notion de libre arbitre a été également mise en exergue afin de rappeler à chacun qu'une IA 100 % fiable n'était pas encore à l'ordre du jour.
Xavier, pour sa part, a fait la démonstration avec Leexi que l'utilisation de solutions IA sécurisées et souveraines était possible, tordant, au passage, le cou aux idées reçues quant à l'omnipotence des sociétés américaines dans ce secteur.
Benoît Evrard a appelé de ses vœux une ouverture des logiciels métiers pour permettre à la donnée de mieux circuler et favoriser le développement de nouvelles utilisations des outils disponibles.
Florence Garcet, avocate et Présidente de la Commission de l'Innovation du Barreau de Liège-Huy, a conclu ces échanges en rappelant les règles essentielles relatives à l'utilisation de l'IA pour les professionnels du droit, avec un mot d'ordre : transparence.
La journée s'est achevée enfin avec un "walking dinner", moment de convivialité où les participants ont pu continuer à échanger sur les sujets abordés durant toute l'après-midi.
On notera la participation massive des avocats à cette après-midi ainsi que leur interaction avec les orateurs tout au long des échanges. Ces éléments démontrent ô combien le sujet de l'IA doit être traité au sein des professionnels du droit.
À l'issue de cette journée, nous pensons que chacun a quitté les lieux avec des idées nouvelles en tête et une même question : comment, et jusqu'où, l'intelligence artificielle va-t-elle transformer la pratique du droit dans les années à venir ?